LPCG n° 172 : « une Valls à trois temps »

éditorial du n° 172

LPCG n°172

Ce n’est pas tous les jours que te Président écrit à tous tes agents ! Le séisme provoqué par le discours de politique générale du nouveau premier ministre, avec l’annonce de la suppression des Départements à l’horizon 2021, fait partie de ces grandes occasions où l’exécutif est saisi d’une impérieuse nécessité à communiquer.

Très subtilement, Jean-Louis Tourenne veut ménager tout le monde : il ne peut désavouer sa famille politique en critiquant cette annonce et il doit rassurer ses agents (déjà en mal-être par la désorganisation des services et les réductions d’effectifs). Le début de son message est clair dans son soutien aux mesures libérales et antisociales mises en place. Pourtant, ce fameux « pacte de responsabilité » (pour rappel, signé par la CFDT, CFTC, CFE-CGC) contraint à d’importantes réductions des dépenses publiques pour compenser les cadeaux faits au patronat dont la baisse des cotisations sociales. Comment croire alors qu’il saura être le défenseur des fonctionnaires et du service public dans le débat qui s’ouvre ?...

Où est la sincérité dans l’émoi des politiques au lendemain du discours de Manuel Valls ? Pour les élus, plus que le millefeuille, c’est le partage du gâteau du pouvoir qui les préoccupe... D’une part, des élus « professionnels » de ces territoires vont devoir trouver un autre emploi ! D’autre part, la (nouvelle) suppression de la clause générale de compétences les privera d’intervenir dans les domaines qui ne sont pas de leur ressort, en particulier l’économie.

Par contre, pour les agents, ce discours dresse un avenir inquiétant. II confirme la politique d’austérité : gel des salaires, mutualisation et réduction des effectifs. Dans le cadre affiché de la recherche de 50 milliards de réductions des dépenses publiques, annoncer 19 milliards pour la fonction publique d’État, 11 milliards pour les collectivités territoriales et 10 milliards pour le secteur de la santé, c’est le signe d’une mauvaise « Valls » à trois temps qui fragilisera encore plus un secteur pourtant nécessaire à la cohésion sociale,

Ce discours va à rencontre de l’intérêt général, de l’égalité entre les territoires et remet en cause tes services de proximité à l’usager. A force de réduire le nombre d’agents, cette fonction publique n’aura plus de sens.

Le service public est notre bien commun. Il est le fondement de la solidarité : défendons-le et emparons-nous du débat !
Agents territoriaux, mobilisons-nous le 15 mal !


Dans version jointe du LPCG n° 172, l’article en bas à droite de la page 3 sur les routes a été corrigé par rapport à la version papier diffusée car celle-ci contenait une information erronée.