LPCG n° 166 : « penser, c’est déjà désobéir ! »

éditorial du n° 166

LPCG n° 166

Cette maxime, attribuée au Maréchal Juin, semble bien rentrée dans l’inconscient collectif de la haute administration départementale. Au fil des ans, la sphère qui serait autorisée à cet exercice hautement rebelle se limite de plus en plus aux seules directions des pôles qui savent ce qui est bon pour les agents, les usagers et les finances publiques !

La comparaison avec la « Grande Muette » ne s’arrête pas là : les DG et DCA se défendent d’être des « terreurs » et c’est sans doute vrai. Mais c’est pourtant un management par la peur qui s’est développé dans les services départementaux. Sans cesse mis en compétition entre eux et soumis au culte de la performance individuelle pour leur carrière et leur mobilité, l’encadrement de proximité, sous haute pression, est cantonné dans un rôle de transmission descendante des ordres venus d’en haut, avec une consigne implicite de « ne pas faire de vague ». Pas étonnant que les situations gérées sous l’étouffoir finissent par exploser !

La multiplication des strates, qu’elles soient hiérarchiques ou fonctionnelles, renforce le sentiment d’écrasement institutionnel des personnels de terrain. On entend parler de « descente » des agences dans les services !

Et quand une pensée collective contradictoire pointe, c’est le rappel à l’ordre immédiat : vous devez obéir ! L’administration est souvent prompte à rappeler les obligations aux agents, elle est moins regardante pour garantir leurs droits, notamment en matière de santé au travail.

Recréer du collectif et s’autoriser à penser !

Dans un récent article publié dans Ouest-France (et distribué par SUD lors du CTP), Christophe Dejours, psychiatre et psychanalyste spécialisé sur les questions de burn-out et de souffrance au travail, en fait la préconisation : « il faut lâcher sur la performance individuelle, contre-performante, et s’intéresser au travail collectif comme la coopération. Elle repose sur des règles de travail et de vivre ensemble élaborées par les travailleurs eux-mêmes. »

Alors, plutôt que rendre obligatoire la participation à des démarches qui se veulent participatives, nos chefs devraient se demander pourquoi les agents n’y adhèrent pas ! Et vous, comme l’ont fait d’autres collègues, autorisez-vous à penser par vous-mêmes : SUD sera votre porte-voix !